Homélie du 12ème dimanche du temps ordinaire (23 juin)
Abbé Jean Compazieu | 14 juin 2013
Qui est Jésus pour moi ?
Textes bibliques : lire
Dans l’évangile de ce dimanche, tout commence par un temps de prière. C’est toujours ce qui se passe dans les étapes importantes de la vie du Christ. Et ici, c’est le cas : il se prépare à poser à ses disciples la question de confiance : “Pour les gens, qui suis-je ? Et vous, que dites-vous ? Pour vous qui suis-je ? Aujourd’hui comme autrefois, les réponses sont variées. À l’époque, on voyait en lui Jean Baptiste, Elie ou encore un prophète. Dans le monde d’aujourd’hui, beaucoup reconnaissent en lui un homme extraordinaire mais ils ne vont pas plus loin.
Comme les Douze, nous sommes invités à faire un pas de plus : c’est à chacun de nous que Jésus pose la question : “Pour vous, qui suis-je ?” Comme Pierre, nous aurions envie de répondre : “Tu es le Messie de Dieu.” Mais en y regardant de près, nous voyons que Pierre se faisait une fausse idée du Messie. Il voyait en lui le triomphateur, le combattant victorieux des ennemis du Pays. Cette tentation n’a pas changé au cours des siècles. Aujourd’hui comme autrefois, les hommes s’arrangent pour mettre le Christ de leur côté contre les autres. Nous oublions alors une chose : ce n’est pas lui qui doit s’ajuster à nos désirs ; c’est nous qui devons nous ajuster à son amour.
Tout cela, Jésus nous le rappelle à sa manière. Il commence par annoncer aux Douze qu’il “faut” que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les Anciens, chefs des prêtres et les scribes et que le troisième jour, il ressuscite. Sa mission n’est pas de prendre les armes contre les ennemis. Il sait qu’il lui faut prendre un chemin bien plus douloureux. Mais en s’engageant sur cette voie, il sait qu’il obtiendra une victoire bien plus belle que celle dont rêvait le peuple Hébreu. . Ce sera une victoire contre le mal et la mort. Cela passera par la souffrance et les humiliations acceptées par amour. C’est à ce prix qu’il obtiendra la victoire de la résurrection.
C’est ainsi que les Douze apprennent à connaître progressivement qui est le Messie. C’est important pour nous chrétiens d’aujourd’hui. Nous n’oublions pas que le mot “chrétien” veut dire “disciple du Christ. Un disciple c’est celui qui suit son maître et qui l’écoute jusqu’au bout. Suivre le Christ, c’est accepter de participer à sa destinée. Si nous ne le faisons pas, nous allons à notre perte. C’est en perdant sa vie pour Jésus que nous la sauverons.
Ces paroles du Christ sont très éclairantes pour nous. Elles nous aident à sortir de nos illusions. C’est en effet une illusion que de chercher les satisfactions matérielles et le succès. Beaucoup pensent y trouver la plénitude de la vie. Mais Jésus nous fait comprendre que tout cela ne peut pas vraiment nous combler. Pour trouver le vrai bonheur, il faut s’engager sur la voie de l’amour. Cela implique de lutter contre l’égoïsme et la violence sous toutes ses formes. Nous pensons au Père Maximilien Kolbe qui a consacré toute sa vie au Seigneur et à la Vierge Marie. Pendant la guerre 39-45, il s’est trouvé dans un camp de concentration. Suite à l’évasion d’un prisonnier, dix autres sont condamnés à être enfermés dans un bunker pour y mourir de faim et de soif. Il s’avance pour mourir à la place d’un père de famille. C’est en donnant sa vie qu’il a obtenu la victoire.
Cette victoire de Dieu était déjà annoncée par la bouche du prophète Zacharie. Mais au lieu de faire la fête, les gens se lamenteront sur le Messie. On se tournera vers Dieu pour demander pardon. Ce texte est très important car il nous montre que nos péchés offensent gravement l’amour de Dieu. C’est en regardant vers la croix du Christ que nous en prenons conscience. Plus un amour est grand, plus on voit ce qui l’offense. C’est pour cette raison que nous sommes invités à demander le sacrement du pardon chaque fois que c’est nécessaire.
Dans la seconde lecture, Paul nous révèle la fécondité de la croix de Jésus. Par le baptême, nous avons revêtu le Christ ; nous sommes devenus enfants de Dieu. Cela change tout dans notre vie ; il ne doit plus y avoir de discrimination ni de division. Tous, nous ne faisons qu’un dans le Christ Jésus. Nous ne pourrons être ses disciples qu’en nous ajustant à lui et en vivant sous la conduite de son amour. Le chemin qu’il nous montre passe nécessairement par la lutte contre l’égoïsme. C’est à ce prix que nous parviendrons à la victoire de la résurrection.
Les yeux levés vers la croix, nous te prions, Seigneur. Donne-nous de marcher à ta suite et de posséder dans ton Royaume ce que nous célébrons dans chaque Eucharistie.
Sources : Revue Feu Nouveau, A l’écoute de la Parole de Dieu (Mgr Soulié), Lectures bibliques des dimanches (Vanhoye), Missel communautaire (Michoneau), Pour la célébration de l’Eucharistie (Feder)